
Souhaitant enrichir notre TPE, nous nous sommes renseignées afin de rencontrer une troupe et leurs danseurs. Avec l'aide de nos professeurs référents, nous sommes parvenues à en trouver une ! Nous avons alors pris contact avec le Centre National de Danse Contemporaine (CNDC), une école supérieure de danse située à Angers, actuellement composée de 20 danseurs et danseuses, de nationalités différentes.
Le site web du CNDC : http://www.cndc.fr/
Ainsi, le 26 novembre 2015, nous avons eu la chance de nous rendre à Angers, afin d'assister à une ouverture studio du Centre National de Danse Contemporaine (CNDC), chorégraphiée par Hervé Robbe, directeur de la compagnie Travelling & Co et directeur artistique du programme Recherche et composition chorégraphiques de la Fondation Royaumont.
Il a proposé au public présent ce jour-ci une nouvelle création, fruit de trois semaines de travail avec les étudiants de l’école supérieure et sur une musique originale de Pierre Henry, compositeur français de musique électroacoustique, auteur de Messe pour le Temps Présent (1957).
Hervé Robbe
Après leur représentation, nous avons pu discuter quelques instants avec plusieurs danseurs de la troupe. Nous en avons alors profité pour leur poser des questions, en rapport avec la problématique de notre sujet. Leurs réponses ont été très complètes. Ils ont même répondu à des questions que l'on ne se posait pas !
Par la suite, nous avons tout de même pris l'initiative d'envoyer à chacun d'eux un questionnaire cette fois-ci plus personnel, afin d'en savoir encore plus et de faire une synthèse de ce sondage ; dans le but de mieux comprendre la vie des danseurs. Quelques-uns d'entre eux nous ont répondu.
Voici le questionnaire synthétisé :
Quels sont vos projets professionnels après cette école?
Dans l’ensemble, les danseurs du Centre National de Danse Contemporaine d’Angers, souhaitent, à l’avenir, entrer dans des compagnies contemporaines en France ou à l’étranger, ainsi que faire des tournées en tant que chorégraphes ou enseignants.
Avant une compétition ou une représentation comment vous sentez vous ? Pour quelles raisons ?
Avant de danser, la plupart des danseurs se sent stressée avec la fameuse « boule au ventre ». Cependant, ils sont tout de même impatients et enthousiastes de monter sur scène. La pression ainsi que l’adrénaline augmentent au fur et à mesure que l’heure de la représentation approche. Certains disent que danser c’est se mettre « à nu » devant un public, ce qui stresse davantage ces derniers. Pour d’autres, peut-être plus habitués et donc plus à l’aise, il est naturel de monter sur scène.
Toutes leurs émotions ressenties sont dues à la peur de se tromper, d’oublier ses mouvements, ou encore de tomber sur scène, etc… Mais sans cette peur, danser serait différent, ils ne prendraient pas le même plaisir.
A votre avis, est-ce que les risques de blessures sont plus fréquents à un tel niveau ? Pourquoi ?
Quelques-uns d'entre eux nous ont dit que le risque de blessures n’était pas plus important à leur niveau qu’à un niveau amateur. Cependant, du fait que ces étudiants dansent entre 3 et 7h par jour, ces risques sont tout de même amplifiés pour eux.
En effet, les danseurs accumulent la fatigue, due à leurs multiples heures de danse, et cela peut se répercuter sur leurs blessures. Nous avons également noté que l’inattention était l’un des principaux risques. Certains disent se donner à fond sur des chorégraphies qu’ils connaissent déjà et cela peut être lié avec une négligence de leur corps, de leurs limites : « On se dit qu’on ne va pas se blesser ».
Le corps du danseur est son « outil de travail », il est extrêmement sollicité. Il doit donc savoir prendre soin de lui, l'écouter (tensions, maladie, etc). Pour des danseurs, il est difficile d’accepter le fait d’être blessé, de devoir se reposer, de manquer des répétitions. Si on se force à danser et que la blessure devient chronique, celle-ci peut en entrainer d’autres. Il est donc préférable de s’arrêter directement après une blessure sérieuse afin de ne pas l’aggraver. Si le danseur ne le fait pas, la blessure qui subsiste va demander encore plus de repos.
Que faites-vous pour prévenir les blessures (habitudes, échauffement, crèmes chauffantes) ?
Pour tous les danseurs, il est naturel de s’échauffer avant un cours et de prendre le temps de s’étirer en fin de journée.
Lorsqu’une douleur apparait, certains utilisent des crèmes chauffantes afin de soulager celle-ci avant un cours. D’autres disent boire beaucoup dans le but d’éliminer les crampes et autres courbatures plutôt douloureuses. En général, tous font attention à ne pas encourager la blessure ou du moins la douleur. Ils ont donc tendance à se couvrir durant les cours, afin de ne pas refroidir leurs muscles, quitte à enlever plusieurs couches au fur et à mesure de la journée.
Est-ce que quand une douleur vous prend, vous persistez quand même et finissez le cours ?
Pour tous, la réponse est la même : cela dépend de l’intensité de la douleur en question. Ils doivent être raisonnables et savoir s’arrêter, ou du moins s’économiser sur un mouvement qui fait mal, avant que la douleur ne s’amplifie encore plus.
Si la douleur, moindre, est musculaire ou articulaire, les danseurs connaissent des solutions simples qu’ils appliquent eux-mêmes en rentrant le soir, et vont donc continuer de danser. Néanmoins, comme dit précédemment cela peut être une prise de risque si, au final, la blessure s’avère être plus grave que prévu.
Cependant, s’ils voient que la douleur n’est pas normale, qu’elle persiste, ils vont immédiatement s’arrêter, et consulter un médecin pour avoir un avis professionnel.
« A chaque fois que nous travaillons de manière plus intense, mes blessures réapparaissent. ». Un danseur aura toujours quelques douleurs ici ou là pendant, un cours. Il faut donc savoir faire la part des choses et savoir s’arrêter au moment opportun.
Comment réussissez-vous à faire abstraction de la douleur?
Si la douleur n’est pas très forte, ils ne se rendent compte de celle-ci qu’à la fin d’un cours. Lors d’un spectacle par contre, même si la douleur peut être très présente, ils ont désormais appris à l’oublier, à puiser leur énergie ailleurs, à l’intérieur d'eux : « Sur scène, je peux avoir mal et être tellement dans la pièce que la douleur ne se fait plus sentir. »
Vous êtes-vous déjà blessé ?
La plupart d’entre eux se sont déjà blessés lors d’un cours ou même lors d’une représentation sur scène.
Si oui, quelle était la blessure et vous a-t-elle empêchée de danser ? Pendant combien de temps ?
Les entorses restent les plus fréquentes mais on trouve aussi des subluxations de l’épaule ou encore de la rotule, des tendinites, des périostites. Pour une entorse, le temps d’arrêt est d’environ deux trois semaines.
Certains ont également eu des blessures plus graves : « Je me suis cassé le ligament latéral du genou gauche. J'ai continué à danser pendant 2 ans sans ligament parce que les différents médecins que j'avais consultés n'avaient pas vu qu'il me manquait un ligament, mais je suis ensuite allé chez un chirurgien qui a dit qu'il fallait m'opérer. Je me suis arrêté en tout environ 8 mois pour l'opération et la rééducation puisque j'ai dû réapprendre à marcher. »
Plusieurs ont eu une déchirure musculaire. La guérison a été entre 2 et 6 mois, selon le muscle touché sans doute. Aujourd’hui la blessure reste douloureuse, surtout lorsque le muscle est trop sollicité.
Comment s’est-elle produite ? Et pourquoi à votre avis ?
Les blessures peuvent venir à n’importe quel moment. Plusieurs d’entre eux se sont blessés lors d’un entrainement : un passage au sol par exemple : « Mon ligament a lâché, surement parce que je l’avais trop sollicité » ou encore un saut : « J’ai senti un impact, une profusion de chaleur au niveau de l’adducteur. Pensant que c’était « une simple élongation » j’ai poursuivi ma journée de danse, jusqu’à ce que je ne puisse plus marcher, a tort ».
Certains se sont même blessés sur scène : « J'ai fini mon solo et tout le spectacle. C’était très difficile, j’en ai un mauvais souvenir », « C’était durant une arabesque, je ne m’étais pas échauffé car mon ordre de passage avait changé sans que je sois au courant. Depuis ce jour-là , je prends toujours le temps de m’échauffer, quitte à venir bien en avance ! »
Comment l’avez-vous soignée ?
Bien sûr, la visite chez un médecin, quel qu’il soit (kinésithérapeute, ostéopathe ou encore médecin du sport), est primordiale chez chacun après une blessure.
Parmi les danseurs, beaucoup d’entre eux ont eu recours à la rééducation, surtout pour les entorses, il faut réapprendre à marcher. Tous ceux qui se sont blessés ont vu un kinésithérapeute, avec des séances d’ultrasons, de la pommade ou des préparations personnelles à base d’huiles essentielles, et évidement du repos.
Vous arrive-t-il de ne pas avoir envie de danser ? Si oui, pourquoi ?
Tous disent que certains jours, leur motivation habituelle manque et la fatigue prend place. Que ce soit de la fatigue physique ou morale, certains d'entre eux ne sont plus motivés pour danser. Mais, ils continuent tout de même, en se rappelant que c’est une chance d’être au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers.
Faites-vous attention à votre alimentation ?
Cette réponse diffère pour chacun. En effet, certains vont faire attention c’est-à -dire manger sainement, sans se priver, afin d’avoir assez d’énergie toute la journée ; alors que d’autres vont manger ce qui leur plait sans se préoccuper du reste. Cela s'explique par leur morphologie, ainsi que de leurs envies…
Combien de repas prenez-vous chaque jour ? A votre avis, sont-ils équilibrés ?
Une fois encore, la réponse à cette question dépend de chacun, des jours, etc… La plupart prend un petit-déjeuner, même si ils n’y tiennent pas tous les jours. Ceux qui n'en prennent pas, mangent à chaque pause entre les entrainements, pour tenir jusqu’au repas. Le déjeuner, pour certains, n'est pas parfaitement équilibré mais dans l’ensemble, tous les apports nécessaires pour une journée pleine de sport sont présents.
« En tout cas, je ne me prive de rien du tout » : en effet, danser et faire attention à son alimentation ne les empêche pas de manger une pizza, un kebab ou un Mc Do de temps en temps ! Tous disent prendre un goûter quand cela est nécessaire, quand ils se sentent trop faible pour continuer à jeun jusqu’au dîner, qu’ils prennent tous, évidemment.
Pensez-vous assez vous hydrater ? Pendant les cours ? En dehors ?
Presque tous les danseurs se rendent compte qu’ils ne s’hydratent pas correctement pendant les cours de danse, mais également en dehors. Certains essayent de faire des efforts, en buvant au moins 1L par jour, mais parfois sans succès.
Considérez-vous dormir suffisamment ? Combien d’heures en moyenne par nuit ?
En moyenne, les danseurs dorment entre 7 et 9h par nuit, la semaine. Certains trouvent cela raisonnable alors que d’autres pensent avoir besoin de plus de sommeil au vu de l’accumulation de fatigue que le rythme de leur travail leur procure.
Ressentez-vous la fatigue autant moralement que physiquement ?
Tout le monde est d’accord : la fatigue morale est aussi présente que la fatigue physique. Ces deux sortes de fatigues sont très liées. En effet, le corps est l’outil de travail du danseur, il est donc sollicité tous les jours. Mais le moral joue également dans la fatigue : « Parfois notre famille, nos amis, notre maison, nous manque. Oui parfois, on se sent un peu seul ».Certains trouvent que c’est une « balance perpétuelle » entre ces deux fatigues. Du fait que les danseurs du CDNC suivent des cours en parallèle dans le but d’obtenir une licence au bout de leurs deux ans dans l’école, l’épuisement moral est bien présent. En plus du corps fatigué par les cours de danse, le danseur doit faire preuve de mémoire afin de retenir les chorégraphies qu’il vient d’apprendre mais il doit également retenir les cours théoriques qu’il suit en parallèle.




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Ouverture Studio CNDC



